« LA MUSIQUE À CELUI QUI LA FAIT !»
Prélude au Retour de l'Artiste-Producteur
Par Nilda Fernández
J'espère lutter pour continuer l'indépendance qui me sauve
FEDERICO GARCIA LORCA
Devant la petite église de Lagrasse en Corbières, j'ai fait la connaissance de Greg. Sourire jovial et barbichette, il s'est arrêté sur le vieux pont de pierre pour saluer les potes qui préparaient la buvette avant le concert du soir. On a passé une bonne heure à comparer musique et paysannerie, deux métiers qu'il exerce avec un diplôme d'agriculture dans la poche et un banjo sur l'épaule.
J'ai entendu par sa bouche ce qu'il faut savoir sur l'état de la terre. Pas de notre planète mais de cette mince couche qui la recouvre, qui lui donne son nom et fait pousser à peu près tout ce qu'il nous faut pour vivre. Le constat est triste puisque la folie est grande, et Greg accuse, parle d'alternatives, de notre espèce de survie... ou vice-versa. Tout est limpide.
Dans les jours qui ont suivi, j'ai croisé le cirque Pacotille, une famille nomade et saltimbanque qui fait la route depuis longtemps. Ça m'a rappelé un itinéraire en roulottes que, par besoin de lenteur, j'avais baptisé « la Ballade ».
Enfin, il y a trois jours, pendant une « Fête de la terre » en Mayenne, j'ai parlé musique avec Mata, architecte de formation et contrebassiste par goût, qui récolte son blé pour le transformer en farine puis en miches de pain qu'il livre, une fois par semaine, dans les environs.
Greg et Pacotille, Mata, soucieux mais amoureux, tourmentés mais heureux, droits dans leurs rêves, pas dispensés de casse-têtes mais fadas de liberté et de pensée libre comme tout humain devrait se maintenir, quoi qu'il arrive.
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